dimanche 4 décembre 2011

Le prix de la Bourrique d'or décerné à l'Anonyme

Aujourd'hui, nous avons eu avec le journal une petite brochure en cadeau. L'histoire incroyable de la phalange de saint NicolasEn allant à ma buvette, je l'ai trouvée par terre, signe de l'incroyable négligence de mon humaine dès qu'il s'agit de papiers officiels. Je m'en suis aussitôt emparée. Ce n'est pas que je manque de lecture dans cette maison,où des rayonnages en sont remplis tandis qu'un seul minuscule tiroir est dévolu à ma collection de souris manufacturées. Mais voilà, je voulais me mettre dans l'humeur du moment, qui est portée sur le nicolas, nicolas de pain d'épices, nicolas de chocolat, nicolas cosi et nicolas cosa.
Donc me voici sur le canapé en tout bien tout honneur avec la brochure.
Il y en a huit pages format A5, agrafées au milieu par deux agrafes (on a suivi le cours de M1 d'ECTD ou pas) auxquelles je me suis d'ailleurs piqué les antérieurs. C'est plutôt couleur marine, ceci dit sans aucune arrière-pensée, vous pensez ; du beau papier, sur lequel les pattes grasses ne laissent aucune trace, comme si c'était fait pour être lu en dégustant une boîte (nourriture mythique ici, plus rare que le caviar). Qui est l'illustre graphiste ou communicant et conseilleur ? ce ne peut être l'agence Avance, celle qui rafle tous les marchés publics des duchés de Lorraine et de Bar, des Trois-Evêchés etc. et jusqu'à la réclame des renaissants : trop ringard pour elle, ce faux papier ancien, avec les bords des pages jaunis et cuits, si bien que l'on dirait un blog de gothiques. Cela commence par une page d'"édito" (le rial est-il mis en examen ?) signé par Monsieur le Président du Conseil Régional, qui déclare qu'avec ce livret, "les Lorrains posséderont, s'approprieront et pourront se conter une histoire unique de génération en génération..."
Avant de faire relier en plein cuir cette brochure pour qu'elle devienne l'ornement bibliophilique et le monument littéraire auquel mes arrière-neveux se réfèreront de siècle en siècle, je l'ai donc lue et annotée pour vous, mes lecteurs d'un jour.


Le 30/11/2011

En Lorraine, Saint-Nicolas est toujours un moment magique et propice à la rêverie!
La Région Lorraine, avec l'aimable participation des Villes de Metz, Nancy, Epinal et Verdun, vous offre cette histoire inédite de saint Nicolas.

L'Histoire incroyable de la phalange de saint Nicolas

Il était une fois dans un pays lointain, bien loin de la Lorraine, au-delà des montagnes et des mers, un homme prénommé Nicolas. Nicolas était né dans une famille très riche mais ses parents moururent très tôt de maladie, le laissant orphelin. À partir de ce jour, il décida qu’avec son argent il ferait le bien autour de lui. Et c’est ce qu’il fit : il donna à manger aux pauvres, soigna les malades, aida les enfants abandonnés à trouver un foyer. Durant toute sa vie, il ne cessa de secourir les plus démunis. À sa mort, beaucoup de monde vint à son enterrement pour le remercier de tout ce qu’il avait fait. Les élus locaux firent plusieurs discours très longs. On décida d’ériger sa sépulture sous un chêne, face à la mer. Si elle était érigée, comment pouvait-elle tenir sous le chêne ? À peine fut-il enterré qu’une colombe vint se poser sur sa tombe. Lorsqu’elle s’envola une source d’eau jaillit comme par magie, et bien vite, les gens se rendirent compte que cette eau avait la propriété de guérir les maladies. Pendant longtemps, des hommes et des femmes venus parfois de très loin, se rendirent sur la tombe de celui que l’on nommait dorénavant saint Nicolas, pour chercher un peu d’eau qui soulagerait tous leurs soucis. Ce mot "saint", ils n'arrivent donc pas à l'éradiquer ?
Un jour, un navire de marchands italiens accosta au port non loin d’où se trouvait la tombe de saint Nicolas. Les marins apprirent rapidement l’existence de la source d’eau miraculeuse et ne voyant que l’argent qu’ils pouvaient en gagner, décidèrent de voler les reliques du saint. Heureusement que ce n'étaient pas des arabes ! Ils commirent leur méfait pendant la nuit et au matin le navire repartit en mer en direction de leur village natal. Parmi l’équipage, cependant, il y avait un jeune garçon qui lui n’approuvait pas ce que les autres avaient fait. Et il ne cessait de leur dire :
- Ce n’est pas bien d’avoir volé les reliques de saint Nicolas, une malédiction va s’abattre sur nous !
Mais personne ne le prenait au sérieux, au contraire, les autres marins se moquaient de lui. Les recels d'abus, c'était déjà monnaie courante.
Le navire vogua plusieurs semaines sur une mer calme. Mais un soir, alors que rien ne le présageait une violente tempête éclata. La pluie s’abattit comme un rideau de fer (tiens, tiens, et c'était sans doute avant l'euro), le ciel était illuminé d’éclairs, et le vent soufflait en rafales provoquant des vagues plus hautes que le bateau. Les marins, qui avaient pourtant de l’expérience en mer, n’avaient jamais vu cela et sentaient leur mort approcher. Le jeune garçon sut tout de suite que c’était la malédiction qu’il avait tant redoutée. Ne voyant qu’une seule solution, il courut dans les cales du navire où reposaient les reliques de saint Nicolas et se saisit d’une de ses mains en disant :
- Saint Nicolas, pardonne-moi d’avoir laissé voler tes reliques et sauve moi de cette terrible tempête ! Les restes ou les reliques ?
La main de saint Nicolas se mit alors à rayonner d’une lumière dorée. Le jeune garçon sursauta mais ne lâcha pas la main, fasciné, hypnotisé par cette lumière qui s’intensifiait à chaque seconde. Puis un bruit assourdissant venant du pont du navire retentit. Le jeune garçon sursauta et remonta de la cale en tenant toujours la main du saint. Nécrophile un jour, nécrophile toujours ! Il vit alors un spectacle à la fois horrible et magnifique : l’orage avait dû s’abattre sur le navire, tuant tout l’équipage. Autour de lui, la pluie avait cessé de tomber. La mer s’était calmée, le vent était redevenu une simple brise et au loin les premiers rayons de l’aube transperçaient le ciel noir illuminant les côtes de son pays natal. Le jeune garçon savait que c’était saint Nicolas qui, par-delà la mort, venait de le sauver. La main, qu’il tenait, avait cessé de briller. Lorsqu’il rentra dans son village, et qu’il conta son aventure, les habitants prirent la décision de garder précieusement la relique du saint en l’enterrant sous un chêne face à la mer.Le chêne est là pour le développement durable. Dès qu’elle fut sous terre, une colombe vint à nouveau se poser et cette fois, lorsqu’elle s’envola, une source d’huile bio miraculeuse en jaillit. Sa réputation se propagea bientôt dans tout le pays et au-delà des frontières, amenant chaque jour pendant de longues années des centaines de personnes.L'agence Avance n'était pas passée par là... Un jour, le jeune garçon, devenu un vieil homme, se promenait. Quel raccourci génial ! il vit agenouillé devant la tombe où reposait la main, un voyageur étranger. L’homme avait dû faire un long chemin. il était en haillons et très amaigri.On était à Lampedusa ou quoi ?
- Bonjour étranger, dit le vieil homme. Tu viens chercher un peu d’huile miraculeuse ?
- Bonjour à vous, répondit le voyageur. Je viens de loin, très loin, d’un pays que l’on appelle la Lorraine dont le Conseil régional est présidé par Monsieur Masseret. J’ai entendu parler de la main magique magique ? et de ton histoire et je suis venu dans le but de la voler. Faute avouée, etc. Je suis arrivé hier et j’ai observé tous les gens qui venaient chercher de l’huile et remerciaient saint Nicolas et je n’ai pu me résoudre à dérober la main. Si mes intentions étaient mauvaises lorsque je suis venu ici, mes raisons étaient bonnes.C'était Monsieur Strauss-Kahn, cet étranger amaigri, ou Monsieur Holland ? Laisse-moi te conter ma douloureuse histoire : il y a dans mon pays, un démon que l’on appelle le père Fouettard. Un démon ? diable ! Cet homme vient dans les maisons chercher les petits enfants qui n’ont pas été sages et ne les rend jamais à leurs parents. C'est donc le pédophile ? J’avais trois enfants qui étaient, il est vrai, des petits garnements et malgré mes avertissements contre le père Fouettard, ne faisaient que des bêtises. Ce qui prouve que l'éducation ne sert à rien. Et un soir, le démon est venu me les prendre. J’ai cherché à les retrouver dans tout mon pays mais en vain, ils avaient disparu. Et puis un jour, un chevalier est passé dans notre village et nous a raconté l’histoire de cette main magique. Les pattes m'en tombent... J’ai donc décidé d’entreprendre ce voyage pour la voler pour que saint Nicolas m’aide à faire revenir mes enfants. On sait que la plupart des pèlerins et des historiens des pèlerinages sont des voleurs. Mais aujourd’hui, voyant tout le bien qu’elle procurait aux gens, je n’ai pu m’y résoudre et j’ai décidé de rentrer chez moi…
En entendant cette histoire, le vieil homme fut attristé. Il s’approcha de l’étranger, lui serra l’épaule (pourquoi l'épaule ?) et lui dit :
- Tu es très courageux d’avoir fait tout ce chemin et je vois que ta quête est pure. Ah ben si elle est pure... Mais je ne peux pas te laisser partir avec la main. Elle est très importante pour nous ici. Cependant, si je ne peux pas te donner la main, je peux te donner une phalange (c'est une métonymie, pas un oxymore) et tu pourras ainsi sauver tes enfants.
Sur ces paroles, le vieil homme déterra la main, et remit une phalange au voyageur. Bien dit ! Ce dernier le remercia mille fois et reprit son chemin vers la Lorraine. Les jours et les nuits passèrent, et bientôt le voyageur vit au loin les montagnes (les Vosges, n'oublions pas les Vosges !), signe qu’il s’approchait de la frontière de son pays. La route avait été longue pendant la journée et il décida d’installer son campement pour la nuit. Il avait donc du matériel de camping ? Il dormait depuis quelques heures lorsqu’un bruit sourd le réveilla. Il ouvrit les yeux et vit devant lui un énorme dragon aux yeux rouges. Pour les non-initiés, c'est le GR de Metz ! Paralysé de peur, il n’eut pas le courage de s’échapper. Alors que le dragon s’approchait, il aperçut à côté de lui un objet briller : c’était la phalange qui s’était mise à scintiller. il s’en empara aussitôt et la brandissant devant le dragon, il s’écria :
- Nicolas, protège-moi de ce dragon pour sauver mes enfants du démon !
La phalange s’illumina de plus belle produisant une lumière aveuglante de diode électroluminescente. Le voyageur ferma les yeux et entendit le dragon rugir puis, d’un coup, le silence se fit autour de lui. Il ouvrit les yeux et vit que la phalange ne brillait plus. Il se rendit compte que son campement avait disparu et des montagnes, des maisons s’élevaient autour de lui. Il reconnut immédiatement son village (Lépanges-sur-Vologne ?) qu’une fine couche de neige avait commencé à recouvrir. Il entendit l’église sonner minuit. C’était le 6 décembre. Reprenant ses esprits, il vit la phalange s’illuminer à nouveau, puis s’élever toute seule et se diriger vers la maison du boucher. Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? un boucher licite, j'espère... La porte s’ouvrit et la phalange entra. C'est glauque, là... Le voyageur la suivit un peu surpris. La phalange se dirigea vers un tonneau en bois qui était posé au fond de la boucherie. Elle s’arrêta, se redressa et s’enveloppa d’une brume grande et épaisse. Un djinn ! La brume commença à dessiner une silhouette qui devint de plus en plus nette. Puis la brume se dissipa et devant le voyageur se tenait un homme à la longue barbe blanche, vêtu d’un manteau violet et tenant à la main une crosse dorée. a cet instant apparut de nulle part le père Fouettard qui s’écria :
- Que fais-tu saint Nicolas ? Ces trois petits enfants sont à moi ! Ils ne pensent qu’à faire des bêtises et à être impolis !
- Détrompe-toi, père Fouettard, lui répondit saint Nicolas. Ils étaient comme ça avant mais ils ont eu le temps de repenser à leurs méfaits pendant toutes ses années et aujourd’hui ils se sont assagis. L'insécurité est en baisse.
Saint Nicolas leva alors sa crosse dorée vers le père Fouettard et frappa le sol trois fois. Des volutes de fumée dorée commencèrent à s’entrelacer autour de l’homme en noir pour bientôt l’emprisonner. Celui-ci essaya de se débattre mais en vain. Les volutes s’intensifièrent et recouvrirent entièrement le père Fouettard qui disparut aussi vite qu’il était venu. Encore un coup d'Aladin ! Saint Nicolas contempla alors de son regard bienveillant les trois enfants et leur dit :
- Allez mes chers petits retrouver votre papa. Ils n'ont pas de moman ? Vous lui avez manqué et il n’a pas cessé de penser à vous depuis toutes ces années. Soyez sages comme des images et sachez que saint Nicolas vous protégera. Saint Nicolas regarda le voyageur, lui sourit et disparut à son tour, ne laissant derrière lui que sa phalange.

Depuis ce jour, la phalange magique (et puis quoi encore ? )de saint Nicolas est gardée en Lorraine. Et tous les 6 décembre un hommage est rendu à celui qui protège les enfants sages du démon père Fouettard. C'est fou ce qu'on rend comme hommages dans ce pays !

Respirons un peu, rêvons vraiment...

Fra Angelico, La Mort de saint Nicolas de Bari, Pérouse, Galerie nationale de l'Ombrie

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