dimanche 30 décembre 2007

Au Musée.

Il y avait un certain temps que je n’avais mis les pattes au Musée. Hier, m’arrachant à la chaleur toute nouvelle d’un nouveau plaid en mohair, résolue, bravant l’humidité, j’ai fendu la foule des humains suant de convoitise devant les devantures pleines des kdos qu’ils n’ont pas eus à Noël. Et je suis allée revoir ce fameux Musée.
Ce Musée est en rénovation depuis des années et va l’être encore pendant un temps très long. C’est qu’il s’agit là d’une rénovation majeure avec enjeux, pas d’un simple petit époussetage. On peut déjà imaginer ce que sera la dépense cérébrale occasionnée par son inauguration.
Le nouveau conservateur qui va mener à bien cette grande entreprise est un certain M. Loriot, aidé par un certain Berlingot, cocker de formation. Je connais un peu ce M. Loriot parce qu’il est venu dîner à la maison (sans Berlingot, heureusement). Grâce à lui, j’ai appris plein de choses sur notre sympathique fourbi. M. Loriot a dans la tête une multitude de fiches qu’il vous récite très volontiers sans jamais se tromper.
Je me rappelle toujours avec plaisir que nous autres sommes conservateurs avant tout (plutôt que professeurs, n’en déplaise à mon humaine). J’ai donc en principe avec ce M. Loriot une affinité naturelle (pas aussi forte toutefois qu’avec un célèbre ancien conservateur, auteur, lui, de tout un merveilleux livre sur les œuvres d’art que nous avons inspirées).
Oui, nous sommes conservateurs par nature, ainsi sommes-nous dispensés de passer les concours. Conservateurs, c’est-à-dire que nous n’aimons guère le changement. J’ai même une fois fait une grève de la soif parce que l’on avait remplacé la soucoupe de ma tasse, en faïence d’Aprey, par une espèce d’écuelle genre Ikea. Je crois bien qu’alors le mot « snob » a été prononcé. Mais je proteste : ce n’était en rien du snobisme, c’était une révolte contre le changement.
- Mais, ma chère Krazy, si rien ne change, les choses ne vont-elles pas glisser sur leur pente négative, leur pente de destruction ? m’a demandé mon humaine. Tu n’as jamais entendu parler de l’entropie ?
Alors là, elle touche un point sensible de ma physique et de ma philosophie personnelles, d’après lesquelles l’énergie inutilisée et inutilisable est au contraire ce qui empêche le monde de tomber en poussière, parce que la sieste bien comprise est le moteur de toutes choses. Or elle se figure qu’avec son ordinateur et son aspirateur, elle résiste aux structures dissipatives. Quelle erreur ! Je ne prends même pas la peine de répondre à ça. Car je sens que nous en viendrions à une funeste incompréhension réciproque, et que je finirais par lui sortir mon argument ultime contre le concept même de progrès. Cet argument est relatif à notre vie dans l’Egypte pharaonique (ma famille maternelle peut faire remonter son arbre de ligne jusqu’à l’époque des Ptolémées seulement), qui valait un peu mieux que celle de M. Moubarak, il me semble.
Le bien-fondé de ces idées trouve sa justification dans le spectacle qu’offre actuellement le Musée, je suis au regret de le dire. On m’objectera certainement qu’il ne se présente actuellement que dans un état transitoire, que sa rénovation va le conduire au stade de la perfection. Qu’il était vieillot, d’un romantisme désuet, peu scientifique et que cela finissait par devenir dangereux pour les objets eux-mêmes. C’est absolument vrai.
Mais j'entends du bruit... DES GENS ! Je continuerai demain...

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